Donald Trump adore dire qu’il est “en parfaite santé”.
Le problème, c’est que plus il le dit, plus on a l’impression que son dossier médical ressemble à un épisode de téléréalité qui aurait trop duré. Entre les médecins qui publient des lettres écrites comme des poèmes d’amour, les bilans de santé “extraordinaires”, et les apparitions où il confond les noms, les dates et parfois les pays, l’ancien président projette une vitalité… comment dire… sélective.
Mais ce n’est pas vraiment sa santé physique qui inquiète, après tout, chacun vieillit, c’est la santé de son rapport à la réalité, et surtout ce qu’elle entraîne : une obsession narcissique qui transforme toute critique en attaque personnelle, et tout désaccord en menace existentielle.
Et c’est là que le New York Times entre en scène. Parce qu’il y a un ennemi que Trump ne pardonne jamais : les faits.
Le NYT a commis le crime impardonnable de faire son travail : enquêter, vérifier, exposer la vérité, même quand elle ne flatte pas l’ego du chef autoproclamé du “monde libre”.
Alors Trump fait ce qu’il sait faire de mieux : pas répondre, pas argumenter, pas corriger, attaquer.
Poursuites judiciaires, menaces publiques, diffamation, campagne de délégitimation… On dirait un manuel d’autodéfense narcissique, version XXL. Pour lui, la presse n’est pas un pilier démocratique ; c’est un miroir qui refuse de mentir. Et ça, c’est insupportable.
Ce comportement pose une question simple et terrifiante : comment un homme si fragile face à la critique peut-il prétendre diriger un pays sans chercher à bâillonner tout ce qui lui résiste ?
La santé de Trump n’est pas l’affaire d’un bilan médical. C’est une question politique et institutionnelle. Un leader qui s’effondre à chaque article de presse n’est pas un homme fort ; c’est un homme dangereux, parce qu’il ne supporte pas le réel. Il préfère une version éditée, retouchée, prête à l’emploi. Un peu comme un communiqué de campagne, mais pour le monde entier.
En attaquant le New York Times, Trump n’attaque pas un journal. Il attaque le droit de savoir, le droit de questionner, le droit de regarder derrière le rideau.
Et trop de gens confondent encore ses cris de colère avec du courage. Mais ce n’est pas du courage, c’est de la panique maquillée en virilité politique. Le genre de panique qui transforme un homme en menace pour tout ce qui n’existe pas pour le flatter.
Si la démocratie américaine devait consulter un médecin aujourd’hui, l’ordonnance serait simple : moins de Trump, plus de vérité.
Parce que la santé d’un pays se mesure à la liberté de ceux qui l’informent. Et sur ce plan, l’Amérique a besoin d’une thérapie intensive.
