Le mythe du lundi matin : et si le problème n’était pas le lundi ?

On parle beaucoup du “blues du dimanche soir”, comme si une force cosmique s’arrangeait pour faire tomber nos humeurs au même moment. Comme si 20h00 le dimanche activait un bouton interne : angoisse, stress, bilan existentiel, envie de disparaître sous une couette définitive.

Le lundi matin, dans l’imaginaire collectif, c’est le boss de fin de niveau : la journée où tout semble plus lourd, plus lent, plus gris. Un mythe moderne, entretenu religieusement par des décennies de culture populaire, de cafés tièdes et de réunions inutiles.

Mais soyons honnêtes : le lundi n’a rien fait. Ce n’est qu’un jour. Le vrai coupable, c’est l’idée que la semaine commence par une punition.

Depuis qu’on est petits, on nous inculque que la vie se découpe ainsi :

  • vendredi = liberté
  • samedi/dimanche = vrai bonheur
  • lundi = retour au sérieux, obligations, responsabilités, rôle social

C’est la société qui a posé le décor. Nous, on n’a plus qu’à jouer notre texte, même si on n’a jamais auditionné.

L’angoisse du dimanche soir n’est pas un mystère psychologique : c’est ce qui arrive quand on pense que notre vie appartient à quelqu’un d’autre cinq jours par semaine.

Le pire, c’est que plus on répète que le lundi est horrible, plus le mythe devient réel. Un peu comme dire “je ne suis pas stressé” en transpirant dans un coin : le cerveau finit par y croire.

Alors comment dépasser ce mythe ?

Déjà, en arrêtant d’offrir au lundi un pouvoir qu’il n’a pas. Le lundi n’est pas une sentence, c’est une transition et une transition, ça se travaille.

On peut apprivoiser le lundi de plusieurs façons simples :

  • Casser la symbolique : commencer la semaine par quelque chose qui nous plaît vraiment, même petit.
  • Planifier le vendredi : ne pas laisser le lundi décider pour nous.
  • Créer un rituel du dimanche soir : une routine qui calme au lieu de préparer à la guerre.
  • S’autoriser un démarrage lent : rien ne t’oblige à vivre ton lundi comme un sprint.
  • Redéfinir son rapport au travail : parfois, l’angoisse du dimanche est un message qu’on n’écoute pas.

Et puis il y a une idée que personne n’ose dire à voix haute :
Aimer le lundi, c’est devenir libre du lundi.

Le lundi peut être un début, pas un fardeau. Un point de départ plutôt qu’une peine de retour. Une page blanche, même petite. Un jour où tu peux redéfinir ton élan, pas celui que les autres ont prévu pour toi.

Si on répétait collectivement :

“Le lundi est juste un jour comme un autre, et je peux en faire quelque chose qui m’appartient”,
il perdrait instantanément 80 % de son pouvoir.

Le mythe du lundi n’est pas un fait : c’est un héritage culturel. On peut choisir de l’abandonner.
On peut réhabiliter le lundi, le rendre neutre, ou même, soyons fous, agréable.

Parce qu’au fond, ce n’est pas le calendrier qui nous oppresse. C’est la place qu’on croit devoir y occuper.

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