Bienvenue dans l’ère de l’indignation express. On se réveille, on scrolle, on s’énerve. Une image, un tweet, une phrase sortie de son contexte et voilà qu’on enfile son costume de justicier numérique. Le monde brûle, mais surtout notre fil d’actualité.
L’indignation est devenue un sport collectif, un peu comme le foot, mais sans ballon et sans règles. Il suffit d’un like pour prouver sa vertu, d’un partage pour valider sa conscience morale. Le lendemain, on passe à un autre drame, plus frais, plus vendeur. Le précédent ? Oublié, remplacé, recyclé en mème.
La colère ne dure plus que 24 heures, comme une story Instagram. Ce n’est plus une émotion, c’est un réflexe. Et les algorithmes adorent ça : plus on crie, plus on clique. Le business de la rage fonctionne à plein régime — et chacun pense être la victime alors qu’il est le produit.
Internet nous a offert la parole, et on l’a transformée en bruit. On ne débat plus, on se classe. On ne réfléchit plus, on réagit. L’opinion est instantanée, la nuance est obsolète. Et plus c’est violent, plus ça marche.
Alors on like, on partage, on s’indigne… et on recommence demain. Parce que la colère numérique, c’est comme le café : ça énerve, mais ça ne réveille plus personne.
