Il était une fois …

Combien d’histoires, combien de contes débutent par ce fameux « Il était une fois » – ou sa variante dans une autre langue ? Ne boudons pas notre plaisir : cette formule annonce tout un monde. Dès ces quatre mots, le lecteur sait qu’il peut s’attendre à deux choses : une morale et un dénouement heureux. Ce qui ne l’empêchera pas, au passage, de verser une petite larme…

Mais est-il imaginable, dans un avenir proche, qu’un auteur raconte notre époque en commençant par « Il était une fois… » ? Cela signifierait que notre présent appartient désormais au passé, qu’un monde nouveau a émergé, et que celui qui écrit vit dans une société transformée. Meilleure ? Équivalente ? Détériorée ? Difficile à dire. Une chose est certaine : si l’on parle de nous au passé, c’est que notre société aura changé. Et peut-être même disparu.

Dans cette hypothèse, il faut accepter l’idée que la fin de notre civilisation aurait emporté avec elle une partie essentielle de ses savoirs, comme l’Histoire. Car sinon, pourquoi raconter notre époque sous forme de conte ? Sans la rigueur des faits et des dates, ne resterait que l’imaginaire. Et dès lors, notre société d’aujourd’hui pourrait devenir un mythe, une légende, un récit flou transmis par ceux qui ne l’ont jamais vécue.

Est-ce que cette société future – sans mémoire historique – utiliserait encore les codes de nos contes ? Morale et fin heureuse ? La morale, peut-être. Mais une fin heureuse, alors que notre monde aurait disparu… c’est moins certain.

Alors, la vraie question est là : que peut-on faire, chacun à son échelle, pour que les histoires de demain finissent bien ? L’action individuelle suffit-elle ? Ou faut-il envisager une révolution, une action collective, pour changer le cours du récit ?

L’avenir nous le dira. Peut-être.

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