La FIFA a encore frappé.
Après le “meilleur Mondial de tous les temps”, après les stades climatisés en plein désert, après les leçons de morale données à la planète entière tout en serrant la main de régimes qui alignent plus de prisons que de joueurs professionnels… voilà maintenant le Prix de la Paix.
Rien que le nom, on dirait une blague inventée par un humoriste fatigué.
Mais non : c’est sérieux.
Enfin… “sérieux” selon les standards de la FIFA, c’est-à-dire entre la communication politique et le karaoké diplomatique.
Parce qu’au fond, ce prix n’a qu’un objectif : flatter un homme qui ne respecte les autres que lorsqu’ils se mettent à genoux devant lui. C’est le business model le plus simple du monde : tu m’honores, je te récompense ; tu me critiques, je te suspends. Une organisation entière devenue miroir pour égos surdimensionnés.
Le plus drôle, c’est que la FIFA aime dire qu’elle “ne fait pas de politique”.
Elle le répète à chaque fois qu’un joueur veut afficher un brassard arc-en-ciel, soutenir des droits humains, ou simplement rappeler que le football se joue aussi sur une planète réelle où il existe des vrais gens.
Là, soudain, la FIFA devient philosophe : “Le football doit unir, pas diviser.”
On dirait un moine zen sponsorisé par Coca-Cola.
Mais dès qu’il s’agit de remettre un prix grotesque à un dirigeant dont la définition de la paix consiste à écraser toute opposition, alors là, oui, magie : la FIFA fait de la politique, de la vraie, celle qui sent la diplomatie en carton et la stratégie du portefeuille.
Le football, soi-disant neutre, devient l’alibi parfait pour masser des egos internationaux.
C’est l’incohérence totale :
- Politique interdite sur les terrains.
- Politique obligatoire dans les salons VIP.
- Silence forcé pour les joueurs.
- Micro ouvert pour les puissants.
Le pire, ce n’est même pas la bêtise du prix — après tout, la FIFA n’en est plus à une contradiction près mais l’insulte faite au mot “paix”. Ce mot qu’on devrait réserver à ceux qui la construisent, pas à ceux qui la miment devant les caméras.
Le football méritait mieux. Le monde aussi. Mais tant qu’il y aura des institutions prêtes à inventer des trophées pour faire briller ceux qui veulent être brillés, la FIFA continuera de décerner des médailles à ses propres illusions.
Et la paix, la vraie ?
Elle attendra qu’on arrête de la confondre avec un communiqué de presse.
